Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, il n’y a pas d’évêque à Chambéry. Pour la capitale du duché de Savoie, c’est une anomalie, même si d’autres capitales régionales en France (Dijon ou Nancy) sont dans le même cas. De plus, Chambéry et sa région (le « Décanat de Savoie ») dépendent au spirituel de l’évêque de Grenoble, donc en France, ce qui contrarie fort le duc de Savoie. Mais au XVIIIe siècle on assiste à plusieurs créations de diocèses : 4 en France et 6 dans le royaume de Sardaigne, dont Chambéry en 1779.
Les rois, qui nomment les évêques, veulent faire dorénavant coïncider les circonscriptions administratives et religieuses, et éviter que des évêques étrangers aient autorité chez eux. Les enjeux administratifs et financiers l’emportent sur les préoccupations religieuses. Turin et Paris acceptent alors d’échanger des paroisses et d’indemniser l’évêque de Grenoble pour la perte des 64 paroisses qui vont constituer le diocèse de Chambéry. Selon l’usage de l’époque, les ordres religieux sont mis à contribution. Les revenus (« bénéfices ecclésiastiques ») que l’abbaye Saint-Michel-de-La-Cluse (en Piémont) possédaient en France sont remis à l’évêque de Grenoble. La suppression de plusieurs monastères et couvents en Savoie finance le nouveau diocèse de Chambéry. Les chanoines de la Sainte-Chapelle de Chambéry forment le chapitre de la nouvelle cathédrale, installée dans l’église des franciscains ; le couvent franciscains devient le palais de l’évêque. Pour ne pas voir l’évêque de Chambéry soumis à l’archevêque de Vienne (royaume de France) ou de Moûtiers (royaume de Sardaigne), le nouveau diocèse est placé sous l’autorité directe du pape.
Comme pour l’ensemble des nouveaux diocèses créés au XVIIIe siècle, un homme neuf est nommé à sa tête. Le nouvel évêque de Chambéry est Michel Conseil (1716-1793), né à Megève, jusqu’alors grand vicaire du diocèse de Genève-Annecy et un des artisans de la création du nouveau diocèse. Roturier, apprécié du roi de Sardaigne, Il est sacré évêque à Turin, prête serment devant le roi et fait une entrée solennelle dans Chambéry le 7 juin 1780. Prélât de l’Eglise, il est tout autant un homme du prince.