La crypte de Lemenc

Un peu d'histoire

Suivant la tradition, l'église de Lémenc serait établie sur les ruines ou à côté d'un temple dédié à Mercure, dieu des voyageurs. Des restes d'une gigantesque statue ont d'ailleurs été retrouvés à proximité au XIXe s. Ils ont été déposés au Musée Savoisien.

Au IXe siècle, le site est occupé par une villa qui appartient à la dynastie carolingienne. Lémenc est cité en 866-867 dans une donation de Lothaire II à son épouse répudiée Thiberge. Y avait-il alors une église à cet endroit ? Il semblerait que oui puisque les domaines cédés par le roi le sont avec leurs terres, leurs serfs et leurs églises.

La présence d'une église est attestée à partir du XIe s. En 1032, elle passe sous la dépendance de l’abbaye lyonnaise bénédictine d’Ainay.

Lémenc devient alors un lieu de passage pour de nombreux pèlerins en route pour Rome. Se développe en particulier un culte autour des reliques de Concord primat d'Irlande mort en 1176 et des corps de deux Saints dits des 4 couronnés, patrons des tailleurs de pierre.

Son cimetière, contigu à l'église, bénéficie jusqu'au XIVe s. d'une situation de monopole. Puis, petit-à-petit, il deviendra un simple cimetière de quartier avant d'être fermé définitivement en 1900.

L'incendie du clocher en 1445 sert de point de départ à la reconstruction d'une vaste église gothique de 1490 à 1513. Des travaux sont aussi entrepris dans la crypte qui est prolongée par une abside sous le choeur de la nouvelle église.

La décadence que connait le prieuré à partir du XVe s. et son relâchement religieux aboutissent au début du XVIIe siècle au remplacement des Bénédictins par les Cisterciens Feuillants. En 1604, il est sécularisé et devient commanderie de l'Ordre de Saint Maurice et Lazare.

Au début du XVIIIe s. la flèche du clocher est refaite et crépie de ciment rouge.

La période révolutionnaire commence en 1792 par le remplacement des Feuillants par les Franciscains. Puis à partir de janvier 1794, c'est l'interdiction de culte et le saccage général de l'église : on détruit le jubé, les stalles, l'orgue, le fameux clocher rouge (jamais reconstruit) et, dans le cimetière, la chapelle Saint Michel.

Après la tourmente, les habitants du quartier sont les premiers chambériens à demander et obtenir le rétablissement du culte en 1795 puis à restaurer leur église, aidés par de grandes familles comme les Bracorens de Savoiroux. Quant au prieuré, il est occupé à partir de 1807 par les Visitandines qui se font construire par l'architecte Melano une chapelle.

Pour la protéger de l'humidité, l'église est exhaussée en 1827-28 d'un petit mètre en ré-utilisant de vieilles pierres tombales. Peu avant, on a construit un nouveau presbytère.

En 1830, elle abrite les funérailles grandioses du Général de Boigne dont le tombeau est réalisé en 1834 par les frères Cacciatori.

A partir du début du XIXe s., un groupe de statues de grandeur naturelle constituant une "mise au tombeau", datant du XVe s., et provenant du couvent détruit des Antonins, est visible dans la crypte.

L'église échappe de peu au bombardement de 1944 qui détruit complètement une partie du prieuré ainsi que la chapelle des Visitandines. Celles-ci sont remplacées en 1956 par les Soeurs de Saint Joseph qui, à leur tour, quittent définitivement les lieux en 2013. Le prieuré, ainsi que la tour du XVe siècle, abritent aujourd’hui des logements.

Des sondages et fouilles archéologiques récents ont montré qu’il n’y avait jamais eu de temple de Mercure près de l’église. Par contre, ils ont révélé les traces d’un autre édifice en contre-bas, sans doute une église. Quant à la station routière de Lémenc, on sait maintenant qu’elle se situait à proximité du faubourg Nézin.

La situation actuelle. Les vœux des Amis du Vieux Chambéry

L'intérêt majeur de l'église de Lémenc réside dans sa crypte qui se compose de trois parties distinctes : une rotonde entourée de colonnes qui daterait de la période carolingienne, trois courtes nefs menant à la rotonde, décorées de peintures Renaissance, et une abside gothique abritant la mise au tombeau.

L’église et la crypte de Lémenc souffrent depuis longtemps de problèmes d’humidité. La mise au tombeau est particulièrement affectée. Les têtes de plusieurs statues, très endommagées à la Révolution, qui menaçaient de tomber ont dû être déposées.

Les Amis du Vieux Chambéry ne peuvent que souhaiter la restauration et la mise en valeur de cette crypte et de sa mise au tombeau.

Avec ses deux faubourgs (Reclus et Nézin), son monument des Pénitents Noirs, son Calvaire, son patrimoine naturel (parc du Clos Savoiroux, falaise de Lémenc, forêt des Monts), Lémenc, situé entre la vieille ville et les quartiers neufs, est un atout majeur pour diversifier les formes de tourisme à Chambéry.

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