La maison des charmettes

Un peu d'histoire

"Ici commence le court bonheur de ma vie. Ici viennent les paisibles mais rapides moments qui m'ont donné le droit de dire que j'ai vécu". Ces quelques lignes écrites par Jean-Jacques Rousseau dans le livre VI des Confessions ont transformé la modeste demeure des Charmettes en "Maison des illustres" connue dans le monde entier. Depuis l'époque révolutionnaire, on vient de très loin, comme l'atteste le livre d'or de la maison, en pèlerinage littéraire aux Charmettes.

C'est cette maison rustique située dans le vallon des Charmettes que Madame de Warens loua en 1736 pour y passer la belle saison avec Jean-Jacques Rousseau. Il a tellement encensé les lieux qu'il a réussi à faire oublier que son logement chambérien n'était pas aux Charmettes, où il ne passa que quelques mois, mais dans la vieille ville, où il séjourna près de dix ans.

"Entre deux coteaux assez élevés est un petit vallon nord et sud au fond duquel coule une rigole entre des cailloux et des arbres. Le long de ce vallon à mi-côte sont quelques maisons éparses fort agréables pour quiconque aime un asile un peu sauvage et retiré. Après avoir essayé deux ou trois de ces maisons, nous choisîmes enfin la plus jolie, appartenant à un gentilhomme qui était au service, appelé Monsieur Noiret. La maison était très logeable. Au-devant un jardin en terrasse, une vigne au-dessus, un verger en-dessous, vis-à-vis un petit bois de châtaigniers, une fontaine à portée, plus haut dans la montagne des prés pour l'entretien du bétail ; enfin tout ce qu'il fallait pour le petit ménage champêtre que nous y voulions établir... J'étais transporté le premier jour que nous y couchâmes.

O Maman ! Dis-je à cette chère amie en l'embrassant et l'inondant de larmes d'attendrissement et de joie : ce séjour est celui du bonheur et de l'innocence. Si nous ne les trouvons pas ici l'un avec l'autre, il ne les faut chercher nulle part".

La maison et son environnement proche ont contribué à la formation de la philosophie rousseauiste puisque c'est là, dans ce lieu retiré, au contact de la nature, qu'il s'est fabriqué "son magasin d'idées".
Bien que remaniée après les séjours de Jean-Jacques Rousseau, la maison a été acquise par la Ville en 1905 et conservée dans une ambiance proche de celle connue par Rousseau.

La situation actuelle. Voeux des Amis du Vieux Chambéry

La maison des Charmettes est en mauvais état. Elle a besoin de travaux urgents. De plus, sa surface réduite ne lui permet pas d'accueillir les visiteurs dans des conditions satisfaisantes : il manque des salles d'exposition temporaire, des lieux de projection, de lecture, un espace de vente..

La ferme contigüe avait été achetée par la Ville au début des années 80 afin de "compléter" la visite du musée. Son aménagement n'a jamais été entrepris.

Les Amis du Vieux Chambéry, qui ont été fondés en 1933 pour sauvegarder le vallon des Charmettes, ne peuvent rester insensibles devant l'état des lieux : ils souhaitent voir au plus vite lancer, peut-être par le biais du mécénat, les travaux de conservation de la maison de Madame de Warens ainsi que la transformation de la ferme voisine afin de donner aux milliers de visiteurs qui fréquentent le musée une image digne de la Ville de Chambéry.